Ne risque-t-on pas aujourd’hui après cette période d’immobilisme inédite du covid qui va provoquer et provoque déjà nombre de dépôts de bilan et de licenciements, assister à une montée de bouclier contre le luxe taxé de superfétatoire sans considération des métiers d’excellence qui le nourrissent et des mains qui le créent ?
C’est pourquoi je vous propose une plongée dans l’histoire des lois somptuaires et de leur motivation.
Le mot « somptuaire » vient du latin « sumptus » qui veut dire la dépense, ces lois visent donc à limiter les dépenses des particuliers.
Zaleucos de Locres, législateur mythique de la Grèce antique du VIIᵉ siècle av. J.-C créa une des premières lois
Les lois somptuaires ne s’arrêteront pourtant pas. Il y aura les lois Orchia, Antia, Licinia, Didia, OEmilia, etc., qui limitent la toilette, les vêtements, les repas, les bijoux… bref toutes les marques extérieures de richesse quand Rolex n’existait pas.
Au Moyen Age en Italie les ordonnances somptuaires explosent entre le XIIIe et le XVIe siècle. Plus de 300 lois contre le luxe régissent les cérémonies privées, les banquets, les mariages, les funérailles et surtout les vêtements et les ornements féminins.
La France est l'un des pays où les lois somptuaires ont été les plus nombreuses.
Louis 1er commence en 817
Philippe III le Hardi, en 1279
Philippe IV dit Philippe Le Bel de 1224 à 1294
François 1er fera interdire de vendre les étoffes précieuses à ceux qui ne sont pas princes, grands seigneurs ou ecclésiastique.
Henri IV avec la loi somptuaire de 1604, défend l'or et l'argent dans le vêtement à tous les sujets du royaume, sauf aux filous et aux femmes de joie.
Les édits de 1613, 1623, 1629, 1633, 1634 et 1639 de Louis XIII régissent aussi le costume, mais on sait que c’était un roi qui aimait la simplicité.
La question du luxe soulève les notions d’avoir et d’être.
Aujourd’hui particulièrement ces notions se télescopent et peinent à se conjuguer. Bien plus forte qu’une loi somptuaire, la sélection des consommateurs peut révolutionner et a déjà commencer à faire muter le luxe.
Encore faut-il que cette voix soit éclairée.
Il faut considérer le produit de luxe, et donc le bijou, comme le résultat de nombreux savoir faire qui continuent à donner à la France une place d’exception.
On peut se tourner vers des artisans et des créateurs qui non seulement produisent à côté de chez vous mais également créeront un bijou qui sera authentiquement le votre, unique, par leur connaissance de la matière, par le travail de leur main et par l’attention qu’ils savent porter à chacun de leur client quelque soit leur moyen et leur envie.
On peut se tourner vers les maisons de vente ou les antiquaires, qui non seulement permettent d’acquérir des objets précieux à un prix juste mais encore offre la possibilité de sauvegarder un patrimoine et des savoir-faire d’antan.
Il faut célébrer les joies de la vie, petites ou grandes, en offrant un objet précieux, un bijou, qui représente bien plus que ce que l’argent peut acheter et que l’on pourra transmettre.
Il faut accepter de se dire que ce n’est pas en se privant que les autres vont mieux et que la consommation d’un luxe carrément raisonnée comme l’est l’achat d’un bijou chez un joaillier à un sens : encenser des savoir faire, faire travailler des artisans et célébrer la vie aujourd’hui et pour le futur.
Bien sûr s’acheter un bijou n’est pas la solution même à un seul problème. Mais le discours de la vanité ne doit pas obérer la réalité d’un secteur constitué en grande partie d’artisans et de petites structures qu’une fausse pudeur consommatrice enfoncerait encore davantage dans une incertitude et une fragilité qui pourrait être fatale à des savoir faire qui en disparaissant paupériseraient tout une économie en plus de la renommé que notre pays a mis des siècles à acquérir.